Histoire

La reconstruction de l'église : un chantier monumental

Le 12 août 1944, un tir d’obus allemand décapite la flèche du clocher et dans la nuit du 13, à la suite de bombardements, c’est l’église toute entière qui s’embrase. Après la guerre, il fallut se retrousser les manches ! Michel Boucher nous retrace quelques épisodes marquants des travaux de reconstruction de l’église et de son clocher atypique.

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La démolition du vieux clocher fut un travail délicat et ô combien dangereux. Le 1er jour, le contremaître Saliou de l’entreprise Quéméneur de Landerneau épaulé par un ouvrier volontaire, tous deux armés de burins, marteaux et leviers, installés dans une nacelle à claire-voie, suspendue au bras d’une grande grue tournant autour du clocher, descellèrent, à la force des bras, les gros blocs de pierres qui s’écroulaient dans un grand fracas au pied de la tour. Inutile de dire qu’en bas, tout le quartier était en émoi, tremblant autant pour les ouvriers de la nacelle volante que pour les commerces de la rue de Paris menacés par les éclats des pierres de taille s’écrasant sur la galerie. Ce ne fut que vers 20h, après une journée harassante, que les deux ouvriers épuisés rejoignirent leur patron pour un apéritif bien mérité !

La chambre des cloches

Les jours suivants, le travail se poursuivit avec autant d’ardeur. Au carrefour de la route de Paris, les gendarmes veillaient tandis que la chute retentissante des gargouilles monstrueuses et grimaçantes impressionnait les badauds. Puis les ouvriers s’attaquèrent à la chambre des cloches. La grue les sortit de leur cage, les posa délicatement au sol avant de les amener au presbytère. Deux d’entre elles étaient fêlées, l’autre (la plus petite) avait volé en éclats sous le bombardement de 1944.

La chute de la grande grue

Elle aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Le jeudi 27 novembre 1952, la tempête sévit. Vers 16h30, subitement, un ouragan prend de travers la grande grue en action, et lui fait perdre l’équilibre malgré les gueuses. La grue tombe à cheval sur le mur nord et, par-dessus la rue de Paris défonce en partie le toit de la cuisine de la ferme Gueguen, heureusement sans faire de victimes, avant de s’abattre sur la grille d’entrée de la cour.

Des drapeaux flottent 

Le 1er août 1953, les passants aperçoivent au sommet du pignon ouest de l’église, un faisceau de trois pavillons flottant au vent. S’ils reconnaissent les 3 couleurs du drapeau français, le jaune et le blanc du second pavillon et le bleu et le blanc du troisième ne leur sont pas familiers. Ils finissent par découvrir qu’il s’agit en fait des couleurs du pape et de la Vierge (Guipavas étant aussi placée sous la protection de Notre-Dame du Reun). Ces drapeaux ont été hissés là-haut pour annoncer à la population que le gros œuvre de l’église est fini, la volige mise en place laissant, maintenant, le champ libre aux couvreurs de l’entreprise Huet. 

Michel Boucher (AGIP) 

> Consulter l'article, extrait du Guipavas le mensuel #51 - novembre 2020