Jean-François Toullec
Dans le sillon des anciens
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Aujourd’hui encore, une cinquantaine d’exploitations agricoles vivent sur le territoire de Guipavas. C’est dans l’une d’elles, à Poul ar Feuteun, qu’a grandi Jean-François Toullec. Mécanicien dans une entreprise de travaux publics, il achète avec son père, en 2003, deux juments de trait breton. « Par pure passion pour cette race », résume aujourd’hui ce père de famille de 39 ans. Un premier poulain voit le jour, puis un deuxième. Aujourd’hui, Jean-François possède une jument et trois hongres : Sirène et ses frères Titus, Uko et Bouchik, pesant en moyenne 900 kg chacun.
Une affaire de famille
Étant peu porté sur l’équitation, Jean-François découvre d’abord l’attelage. Puis en 2009, son collègue Jean L’hostis, 72 ans aujourd’hui, lui fait découvrir le labour équin. « Il participait déjà à des concours avec ses chevaux et m’a transmis son savoir-faire. » En 2009, Jean-François tente un petit concours de labour en Mayenne, avant d’enchaîner avec les championnats de France, à Vesoul, où il termine premier de la catégorie Junior. « Je m’étais entrainé en labourant deux hectares tranquillement chez moi », se souvient modestement le champion qui a fait de son père, Alain Toullec, son groom, chargé de mesurer la profondeur du sillon tout en gardant un œil sur le chrono. Car en championnat, les participants doivent labourer un terrain de 8 mètres de large sur 80 mètres de long en 3 heures et sont jugés sur la planéité du labour, la régularité et la profondeur du sillon. « Et sur le rapport du meneur avec ses chevaux », ajoute celui qui retente sa chance chaque année en catégorie Junior jusqu’en 2014, où il termine à la première place du championnat de France toutes catégories, à Bordeaux.
Un hommage au temps lent
Aujourd’hui, Jean-François se contente du concours départemental du Finistère, où il a terminé premier en août dernier, à Goulven. Et surtout, il transmet son goût pour le labour équin à d’autres, à commencer par son parrain, Jean-Luc Cadour, et son ami André Coat. « C’est une façon d’honorer la mémoire des anciens, en faisant revivre leurs techniques. Et surtout, on développe un vrai rapport avec le cheval », puisqu’en concours, il faut se contenter des guides et de la parole, fouet et cris étant interdits. « C’est aussi un hommage au temps lent : un cheval de trait permet de seulement labourer 5 000 m² par jour », sourit le fils d’agriculteur, père d’une petite Romane, âgée d’un an, qui se balade déjà en calèche… à bord d’un siège auto !
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°57 - octobre 2021