Charlène Odin

Du bronze à Dubaï

Charlène Odin vient de décrocher la troisième place aux championnats du monde de para-karaté en novembre dernier à Dubaï. Une consécration pour celle qui s’entraîne à Guipavas depuis 18 ans.

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Tout juste 30 ans, et déjà un palmarès grandiose ! Charlène ne compte plus ses médailles dans sa discipline handisport, le para-karaté, alors qu’elle est atteinte du syndrome de West, une forme rare d’épilepsie apparaissant dans les premiers mois de la vie et laissant des séquelles sur le plan moteur et intellectuel. 

De l'activité loisir...

L’histoire commence à Guipavas en 2004, Charlène a alors douze ans. Dans une famille déjà mordue d’arts martiaux, elle veut suivre le pas de sa sœur qui pratique le karaté. « Il a fallu trouver un club qui puisse accueillir une personne handicapée », relate Céline Odin, sa sœur et coach. « On est allé voir Sylvie Beautour du Karaté Club de Guipavas qui l’a accueillie avec grand plaisir ! » Une véritable aubaine pour Charlène, car les katas, ces enchaînements de mouvements mimant un combat imaginaire, lui apportent la stimulation dont elle a besoin pour son équilibre et sa mémoire. Devenue ceinture noire premier dan, elle se lance dans la compétition. « Au départ, avec les valides, mais Charlène ne se sentait pas à l’aise », poursuit Céline Odin, qui est elle-même présidente du Team Karaté de Brest. « On est tombé ensuite par hasard sur une publication Facebook au sujet de l’équipe de France de para-karaté et d’une compétition coupe de France à Carcassonne en 2016. Charlène a voulu y aller. Sylvie Beautour l’a préparée et elle a fini deuxième ! » 

...aux championnats internationaux !

À partir de là, les voyages s’enchaînent : Madrid en 2018 pour les championnats du monde où elle finit quatrième, Guadalajara en Espagne en 2019 où elle décroche l’or européen, et, tout récemment, Dubaï pour le bronze aux championnats du monde. « Pour ces déplacements, il faut une longue préparation en amont, il ne faut pas de petit grain de sable qui vienne perturber Charlène ! Il faut tout anticiper », explique Céline, contente de voir la reconnaissance pour le para-karaté grandissante, même s’il reste encore des progrès à faire selon elle. 

À côté de son travail à l’Esat où elle fait du conditionnement, Charlène suit un entrainement intensif quotidien. « J’ai fait une démonstration à l’IME Jean Perrin (Brest), et j’ai montré de quoi on est capable même si on a un handicap. Il faut oser ! », témoigne-t-elle. La prochaine étape ? « Si je suis sélectionnée pour le prochain championnat d’Europe, ce sera la Turquie ! »


Fabienne Ollivier

Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°62 - avril 2022