Luc Tréguer
Du football et des convictions
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Deux fois par semaine, une trentaine de jeunes réfugiés bénéficient d’un véritable entraînement, râce aux bénévoles de la section football de l’AL Coataudon et aux éducateurs du district de football du Finistère. Une action débutée en mars 2017 et opérationnelle depuis septembre. Depuis, en attendant leur régularisation, les migrants mineurs peuvent oublier leur quotidien en venant taper dans un ballon. « C’est deux heures de bonheur total, pour eux comme pour nous », résume le président militant. Bientôt, ils seront répartis entre les clubs du pays de Brest, afin de faciliter leur intégration. « En attendant, ça leur permet, à eux qui sont dingues de foot, d’oublier leurs soucis le temps d’un entraînement. »
Le sport, un droit universel
Afin d’institutionnaliser cette démarche sur tout le territoire, Luc Tréguer a écrit à la ministre des sports Laura Flessel, ainsi qu’au président de la fédération de football. « On a monté un truc costaud. C’est juste une question de volonté, estime ce jeune retraité de l’arsenal. Il faut que ces jeunes aient accès au sport. Ça devrait être un droit universel, au même titre que le gîte et le couvert. » Syndicaliste dans l’âme, Luc ne fait pas de son engagement un acte politique : « Ils sont là, c’est un constat. Je ne m’occupe pas de « pourquoi », c’est le travail des politiques. Mais si on les laisse dans la rue, ça finira mal… On peut leur proposer de faire du sport, alors faisons-le ! C’est juste du bon sens. »
Un appel aux dons
Au-delà de l’acte humaniste, Luc Tréguer voit chez ces sportifs surmotivés une chance pour les petits clubs en manque de joueurs. « En 2015, l’Allemagne a délivré 42 000 licences à des migrants. La fédération française devrait s’y mettre. Tout le monde est gagnant dans cette histoire. » En attendant une réponse e a inistre, ’engagement de Luc a été récompensé le 30 mai dernier, à Paris, par le trophée Philippe Seguin du « fondaction du football », dans la catégorie « égalité des chances ». Une belle reconnaissance du travail accompli pour celui qui « respire associatif » : « il faut que l’engagement ait du sens », résume humblement le président, qui a aussi reçu le trophée de la vie locale du Crédit Agricole. « Si les gens veulent nous aider, qu’ils n’hésitent pas, on en a toujours besoin ! » En effet, le club fournit l’équipement nécessaire à ses jeunes recrues. « On leur prête les chaussures et on leur donne chaussettes, maillot, short… Ça représente environ 5 000 € de matériel par an. » Pour cela, il peut compter sur les dons du Stade brestois, de magasins de sport, d’associations d’entraide et, bien sûr, sur la générosité des Guipavasiens.
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°31 - juillet-août 2018