Christian Tygréat
Le Forestic, un miel qui rayonne
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Depuis plus de 30 ans, Christian Tygréat est piqué d’apiculture. Une passion qu’il a d’abord pratiquée en amateur, entre deux voyages autour du monde. « Je travaillais dans le bâtiment une partie de l’année et je voyageais le reste du temps. » Pendant 10 ans, il explore l’Asie, la Malaisie, la Thaïlande, le Népal, ainsi qu’une partie de l’Afrique. « Quand je revenais à Guipavas, de mars à septembre, je m’occupais de mes ruches. » De quelques ruches à ses débuts en 1979, l’apiculteur amateur développe son cheptel jusqu’à atteindre les 250 ruches en 1991. L’année suivante, il décide de s’inscrire dans une école d’agriculture avec option apiculture, afin d’en faire son métier.
Les monts d'Arrée, terre promise des abeilles
Depuis 1993, les abeilles du Forestic butinent sur Guipavas, et même bien plus loin, puisque les 850 ruches de Christian sont dispersées sur 34 sites dans le Finistère : 200 à Guipavas, auxquelles s’ajoutent des ruchers sur la côte nord, à Saint-Pabu, l’Aber-Wrac’h, dans le pays de Brest ainsi que sur la presqu’île de Crozon. Mais c’est dans les monts d’Arrée, autour du lac de Brennilis et dans le centre Bretagne que les abeilles se plaisent le plus. « Là-bas, le climat est plus continental, les terres sont plus sauvages et on y trouve beaucoup d’agriculteurs bio. Des conditions qui permettent aux abeilles de produire beaucoup plus de miel qu’ici », constate l’apiculteur, qui est également président de l’association de développement pour l’apiculture (ADA) Bretagne.
Des ruches affaiblies
Comme ses confrères, il observe les effets néfastes des pesticides sur ses colonies : « Elles sont affaiblies, leurs neurones ne se développent pas, elles ne peuvent donc plus communiquer entre elles, comme l’a prouvé l’INRA de Toulouse. On se demande même s’il n’y a pas un problème de stérilité, mais cela est difficile à déterminer. » Et les pesticides ne sont pas le seul danger pour les abeilles. Il y a un an, Christian Tygréat possédait 950 ruches, auxquelles s’ajoutaient 250 essaims fabriqués en sélectionnant des abeilles et des reines dans les ruches les plus fortes. « Mais à cause du mauvais temps, il y a eu beaucoup de pertes », regrette le professionnel qui a vu sa production habituelle tomber de douze à six tonnes de miel. Malgré ces calamités agricoles, le miel du Forestic reste une référence dans le Finistère. La compagne de Christian, Valérie, livre chaque jour supermarchés et magasins de producteurs.
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°60 - février 2022