Christian Leroy

Regards de mer

Embarquement imminent pour le Salon d’Automne, où près de 200 artistes se sont donné rendez-vous à Guipavas. Invité d’honneur de cette 39e édition, Christian Leroy y expose sa vision des gens de mer, des regards intenses à croiser du 5 au 20 novembre.

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« Je fête 40 ans de peinture cette année » , sourit Christian Leroy. Son histoire avec la peinture commence en effet quand il a à peine 14 ans. « Mes parents voyaient bien que je dessinais tout le temps depuis mon plus jeune âge. Ils ont donc demandé à un peintre, Auguste Lecarpentier, s’il acceptait de me donner quelques cours. Avec lui, j’ai appris toutes les bases : le dessin, le fusain, le pastel et la peinture à l’huile. » Ce bagage et le bac en poche, il part étudier à Paris à l’école nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art et en ressort designer industriel. D’abord roughman (illustrateur), il devient graphiste il y a 18 ans, quand il s’installe à Ploumilliau (22). « C’est ma partie professionnelle. Après, ma passion, ça a toujours été la peinture ! », précise-t-il. « Il y a dix ans, je me suis dit qu’il fallait que je revienne aux fondements mêmes de ce que j’aime : dessiner et peindre ! Après ça a été assez vite ! J’ai gagné des prix, on m’a invité à exposer. » En 2013, il devient membre de l’Académie des arts et sciences de la mer.

Toute la vie dans un regard

La mer, justement, est l’un de ses thèmes de prédilection. «  Pendant des années, j’ai rencontré beaucoup de gens au détour d’un port, sur un quai, sur des bateaux... À chaque fois, j’ai fait des croquis et j’ai noté ce qu’ils ont pu me raconter. » Christian Leroy gardera cette précieuse matière à l’abri un temps avant de décider d’en faire 16 toiles en grand format, 16 regards empreints d’hyperréalisme. « On dit souvent que c’est toute la vie qui se reflète dans un regard », analyse-t-il. « On peut sentir de l’inquiétude, de l’admiration, de la colère au niveau d’un regard ! » Dans cette série baptisée « Face[s] au vent », on échange ainsi tour à tour avec un charpentier de marine, un migrant ou encore une jeune femme embarquée avec l’association du Père Jaouen. Des bribes de texte racontent leur histoire, tandis que d’autres toiles se consacrent au décor, avec coques, containers et consorts. De cette série découle aussi un livre, préfacé par la navigatrice Anne Quéméré (Édition Arzel).

Entre arts appliqués  et beaux-arts

Déjà venu exposer en 2019, Christian Leroy se réjouit de revenir à l’Alizé, cette fois pour le Salon d’Automne : « Ça me permet de rencontrer le public et il y aura beaucoup d’autres peintres qui peuvent être intéressés pour comprendre ma technique, académique et ancienne. Je navigue toujours entre arts appliqués et beaux-arts en fin de compte, toute ma vie est partagée entre les deux ! »  

 

Fabienne Ollivier
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°68 - novembre 2022