Annick Gueguen
Le petit peuple de l’herbe
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C’est dans une petite maison rose, perchée en haut d’une colline, que vit Annick Gueguen depuis bientôt 50 ans. Chaque année, à la belle saison, un étrange petit peuple anime sa pelouse : une famille d’une trentaine de poupées, qui grandit un peu plus chaque année. Un hobby découvert par hasard, en tombant sur une poupée « taille réelle » chez Emmaüs : « Je n’en avais jamais vu d’aussi grande, se souvient la retraitée. Je lui ai fabriqué une première tenue, puis j’y ai pris goût ! » Depuis, cette Guipavasienne court les vide-greniers et les brocantes à la recherche de nouveaux modèles à relooker et d’accessoires. « J’ai toujours été manuelle, j’aime bien bricoler, fabriquer. On me propose souvent des vêtements d’enfant, mais ca ne m’intéresse pas. Ce qui me plaît, c’est de fabriquer par moi-même. »
Un travail sur-mesure
Toujours suivie de près par sa chienne Alisma, Annick ne compte pas le temps passé sur chaque costume. Tout l’hiver, elle a confectionné la collection printemps / été 2018 de cette mini « fashion week ». Des créations éphémères, victimes des outrages de la météo, à renouveler chaque année. Celle qui n’a jamais pris de cours de couture fabrique ces costumes uniquement à la main : « ainsi je sens mieux mon travail, de tête, sans patron. » Des robes sur-mesure, en quelque sorte, pour un tour du monde des costumes traditionnels. « Il suffit que j’en voie un, dans un reportage à la télé par exemple et c’est bon. » Madagascar, Tahiti, Inde, Antilles : « it’s a small world » dans le jardin d’Annick ! Sans oublier l’inévitable costume breton : que ce soit avec la coiffe de Guipavas ou le costume de Plougastel, « le plus dur, c’est de trouver des sabots à la bonne taille. »
Aucune favorite
Celle qui a tenu de nombreuses années un salon de toilettage canin, à Brest, a bien sûr habillé une des poupées à l’image de Brigitte Bardot, en robe vichy, comme il se doit. Mais que ce soit Miss Guipavas, la meunière ou l’accordéoniste, Annick jure n’avoir aucune favorite. « Elles ont toutes leur charme ! » Mais celle qui fait fondre toutes les petites filles reste incontestablement Elsa, la Reine des neiges. L’occasion pour Annick d’assouvir son autre passion : la coiffure. « Quand je fais des chignons, c’est du costaud ! » Les visiteurs pourront découvrir toutes ces créations à partir de la journée portes ouvertes du Moulin du Pont. L’exposition se prolongera jusqu’aux journées du patrimoine, en septembre. Cet été, 35 poupées animeront le jardin. Un sacré boulot à installer chaque matin et à ranger chaque soir… « Et en cas d’orage, c’est la course ! »
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°30 - juin 2018