Didier Tousch
Son réseau social dédié à la mémoire
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« Que restera-t-il de moi après ma mort ? » Comme le commun des mortels, Didier Tousch a, un jour, été taraudé par cette question existentielle. « C’est un sujet essentiel, mais que l’on n’aborde pas facilement avec ses proches... » Installé à Guipavas depuis plus de 30 ans, ce Lorrain d’origine y a monté son entreprise de pressage de CD et DVD, Vocation records, en 1988. Avec l’aide de son gendre Andrew Herrault et d’Olivier Garrofé pour le développement informatique, il crée en 2015 Bescrib, avec l’idée de permettre à « Monsieur-tout-le-monde » de devenir « le scribe de sa propre vie. »
Redécouvrir la vie de nos ancêtres
Ce réseau social aux faux airs de Facebook, totalement gratuit, permet de créer des mémoriaux pour soi mais aussi pour les personnes qui ont marqué notre existence. Un bon moyen pour les membres d’une même famille de partager des photos et des souvenirs de leurs aïeux. « Chaque abonné peut également désigner des légataires pour sa propre page. À son décès, ces légataires pourront prendre connaissance des dernières volontés et assurer la continuité du mémorial. » Devenue association en 2019, Bescrib met désormais son interface au service des historiens : les utilisateurs peuvent créer une page pour un personnage historique, célèbre ou non, et ainsi rendre hommage à tous les soldats anonymes tombés pour la France dont la trace se limite à un nom gravé sur un monument aux morts. Grâce à un QR code (sorte de code-barre constitué de carrés, à scanner à l’aide d’un smartphone) apposé sur les monuments, les curieux peuvent accéder à la page du soldat et découvrir les grands moments de sa vie.
L’Histoire en carrés
Un travail mené en partenariat avec l’association du Souvenir français : « Jean-Pierre Page, petit-fils d’un des fusillés de Creac’h Burguy, a d’abord créé une page pour son grand-père. Puis nous avons cherché les descendants des six autres résistants, afin de leur expliquer notre travail. » Fiers d’afficher leur lien de filiation, de nombreux enfants et petits-enfants de résistants ont créé leur page dans la foulée. « Il y aurait beaucoup à faire pour généraliser cette démarche : rien qu’à Guipavas, il reste encore 88 noms à identifier. Et à Brest, plus de 4 000 ! », imagine celui qui espère voir son association être bientôt reconnue d’utilité publique. Car en plus de faciliter le travail des généalogistes de demain cette technologie est également déclinable aux monuments historiques. Ainsi, la chapelle du Douvez affiche, elle aussi, son petit carré noir et blanc.
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°45 - décembre 2019, janvier 2020