Cécile Toullec
Une armée de couturières
Publié le
Tous les super-héros ne portent pas de masque. Certains les fabriquent. Voilà comment résumer le travail de Cécile Toullec et de toutes les couturières guipavasiennes qui ont mis leur temps et leur savoir-faire au service de la communauté. « Le 15 mars, ma sœur, Marie-Claire Apriou, m’a dit : prépare tes machines, on va avoir besoin de nous ! », se souvient Cécile Toullec, ancienne agricultrice travaillant aujourd’hui à l’école Maurice Hénensal. Chacune de leur côté, les deux sœurs confectionnent déjà gratuitement plus d’un millier de masques. Les demandes affluent de partout : des EHPAD, de la maternité de l’hôpital de Landerneau, des aides à domicile puis d’entreprises, etc. Membres du groupe de couture du Relecq-Kerhuon, les deux sœurs peuvent compter sur leur prof, Sylvie Salaun, pour leur fournir un soutien technique. Modèle Grenoble, AFNOR, deux ou trois épaisseurs, les techniques de fabrication des masques n’ont très vite plus de secret pour elles.
Un atelier de confection
Après avoir proposé ses services au CCAS, Cécile est rapidement contactée par la mairie. « Ils attendaient une commande de masques à confectionner. On n’a pas hésité mais on avait besoin d’aide ! » Grâce au bouche-à-oreille, elle mobilise une armée de petites mains et du matériel de couture. Et le 30 avril, une véritable usine de confection est installée à l’Alizé, avec le soutien du personnel municipal. Jusqu’au 25 mai, elles seront chaque jour une vingtaine, couturières confirmées ou novices âgées de 29 à 81 ans, à assembler les 10 000 masques commandés par la ville. Pour un maximum d’efficacité, un travail à la chaîne se met en place : « On commençait par mettre les trois tissus l’un sur l’autre pour les passer au groupe des surjeteuses, puis aux repasseuses qui faisaient les plis. Ensuite c’était le tour de celles qui posaient les épingles sur les élastiques, avant les couturières. Enfin, d’autres dames coupaient tous les fils qui dépassaient et rangeaient les masques dans les boites en carton. »
Un véritable travail d’équipe
Pour organiser toute cette logistique, Cécile a pu compter sur l’aide précieuse de Cathy, à l’accueil de l’Alizé, pour gérer les commandes, les appels, le planning, etc. « On n’a pas le mérite des soignants mais on a aidé, à notre façon. » Pour elle, ce mois de travail intense a avant tout été une belle expérience de solidarité féminine. « Le plus important, c’est qu’on a fait de belles connaissances ! Certaines dames avaient été confinées seules, c’était un vrai soulagement pour elles de passer du temps avec du monde, même masquées ! »
Pauline Bourdet
Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°48 - juillet août 2020