L'appel du large, le musicien Jean-Michel Kajdan y a cédé l'été 2019 en se procurant un petit voilier amarré au port du Moulin Blanc. « Je suis venu habiter deux mois dessus. Ma femme m'a rejoint et on a trouvé le coin super », se souvient-il. « Avec la voile, j'ai trouvé une nouvelle communauté, un peu comme celle des musiciens. Des gens passionnés ! » De retour à son Paris natal après l'été, il reprend son enseignement de la guitare au Conservatoire (CRR) et au Pôle supérieur (PSPBB). Mais plus pour très longtemps. La période de Covid aidant, l'envie de s'établir en Bretagne prend forme. Morbihan ? Finistère Sud ? Ce sera à Guipavas, pur hasard d'une séduisante annonce immobilière.
Au studio comme à la scène
Empreinte du « british blues » d'Eric Clapton ou de Jeff Beck, la carrière de ce guitariste autodidacte a été pour le moins foisonnante. Après avoir fait ses classes au Club Med, où il se familiarise avec les standards du jazz, il commence à fréquenter les studios d'enregistrement dans les années 70. « C'était la mode du jazz fusion », raconte-t-il. « Il y avait des thèmes qui étaient assez difficiles à jouer. J'ai acquis une certaine technique qui m'a permis d'évoluer. » Un jour de 1979, Michel Jonasz l'appelle : « il cherchait des musiciens pour faire l'Olympia avec son album Les années 80 commencent, ça a été une rencontre vraiment déterminante. » Au studio comme à la scène, Jean-Michel Kajdan accompagnera ainsi pléthore de grands noms de la chanson française : Jacques Higelin, Alain Chamfort, Robert Charlebois, Eddy Mitchell, etc. « C'était un métier, j'essayais de le faire le plus sérieusement possible. Et j'ai toujours essayé d'apporter quelque chose de personnel. » Il officiera aussi plusieurs années au côté du violoniste Didier Lockwood. S'enchaînent encore des musiques de pub, des collaborations pour des BO de films (Le Grand Bleu), des albums solo (le premier en 1979 avec Manu Katché et Didier Lockwood)... Dans les années 2000, il devient producteur pour la chanteuse folk pop Skye. Enseignant, il endosse en parallèle plusieurs rôles auprès d'organismes de perception et de répartition des droits, d'abord l'Adami - avec une réflexion particulière sur le droit des interprètes -, puis dans diverses commissions de la Sacem.
Guitare en visio
Aujourd'hui, le Guipavasien continue de transmettre son savoir. Il propose des cours de guitare en visio*. « C'est du perfectionnement, pour des gens qui tournent un peu en rond, et qui ont envie de sortir de leur zone de confort. » Il donne quelques masterclasses de temps à autre avec des guitares signées Marceau, un luthier de Betton (35). Son bateau n'est jamais très loin pour prendre les bonnes vibrations de la mer...
* Quelques places sont disponibles, infos surwww.kadjan.com
Fabienne Ollivier
Article publié dans Guipavas le magazine n°14 - juillet/août 2025