Les Frères Labat

Maîtres cactophiles

Le dépaysement est garanti à la cactuseraie de Creisméas à Guipavas. Les frères Labat y ont créé un paradis pour les plantes succulentes de toutes sortes. Une collection qui ne manque pas de piquant !

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Non, ce n’est pas l’Arizona ! C’est bien à Guipavas que se trouve ce paysage sous serre extraordinaire, unique dans son genre en France ! André et Pierre-Henri Labat ont édifié à Creisméas un temple dédié aux cactus, aux agaves, aux aloès ou aux euphorbes, des plantes succulentes originaires des zones arides américaines ou africaines. Leur collection gigantesque (labellisée collection nationale du CCVS* pour cinq ans, en juin dernier) se développe ici comme en milieu naturel, le long d’allées bordées de pierres sèches.
 * conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS)

Agaves haïtiens

Tout commence en 1987, les deux frères viennent de reprendre à leur compte l’exploitation familiale de tomates. André, le frère aîné raconte : « Notre père en retraite est parti en Haïti rendre visite à un collègue missionnaire connu au service militaire. Il en a rapporté deux agaves ! De là, Pierre-Henri a commencé à les collectionner, puis à semer des cactus en pots. En 2003, on a commencé à les mettre à part dans une petite serre »... qui s’avérera vite trop étroite ! Une autre plus grande (6 000 m2) sera investie, ils arrêteront définitivement la production de tomates en 2014. Le bouche-à-oreille opère, la cactuseraie devient de plus en plus attrayante : autocaristes, camping-caristes, collectionneurs, curieux de tout bord… Le secteur cosmétique ouvre aussi l’œil sur de nouveaux potentiels. Les Frères Labat commencent enfin à cultiver les aloès et aloès arborescents, pour la production de feuilles fraîches.

Experts en herbe

Leur secret ? « La patience ! », rigole Pierre-Henri, en désignant un individu de 26 ans de plusieurs mètres. « On apprend en faisant, on n’a eu aucune formation ! », précise André, pas plus gêné que son frère par les noms latins des 3 000 variétés rassemblées ici (dont certaines rares et en voie de disparition). Pour l’eau, c’est au goutte-à-goutte : « On arrose une fois par semaine en été, et l’hiver pas d’eau pendant quatre mois. La serre est simplement maintenue hors gel, il n’y a pratiquement pas de chauffage. »

« On a plusieurs dizaines de milliers de plantes sûrement ! », estime André, l’œil aussi pétillant que celui de son frère lorsqu’il montre les curiosités de la serre, un « pied d’éléphant » ici, une « carapace de tortue » plus loin, des fleurs fabuleuses partout. « Peut-être qu’un jour on ira faire un tour dans un désert quelque part... » En attendant, le voyage est quotidien, sur leurs propres terres !

 

Fabienne Ollivier

Rencontre publiée dans Guipavas le mensuel n°67 - octobre 2022